Origines
Né le 23 octobre 1766, Emmanuel de Grouchy est issu de l’une des plus anciennes familles aristocratiques normandes. Fils d’un officier de cavalerie, il entre dans l’armée à 13 ans et passe par les écoles militaires. Jusqu’à la Révolution française, il est lieutenant-colonel dans le corps de garde du Roi.
Sous la Révolution française (1789) et le régime du Directoire (1795- 1799)
Grand partisan des idées révolutionnaires (il a comme beau-frère le philosophe Nicolas Condorcet). Grouchy quitte ses fonctions pour intégrer la cavalerie où il devient colonel en 1792. Il s’illustre alors sur divers champs de bataille, notamment lors de la conquête de la Savoie. En raison de ses origines nobles, il est exclu de l’armée en octobre 1793. Il la réintègre cependant à la suite de la chute de Robespierre et est promu général de division.
Le général Bonaparte ne le prend pas dans son état-major pour la campagne d’Egypte. Grouchy passe alors dans l’armée d’Italie, sous les ordres du général Joubert. Blessé au cours d’un combat, il est fait prisonnier par les Autrichiens qui le gardent captif une année. Il est libéré en échange d’un général anglais.
Sous le Consulat (1799- 1802)
Durant l’année de captivité de Grouchy par les Autrichiens, Napoléon réalise son coup d’état du 18 brumaire qui mit fin à la Révolution pour débuter le Consulat, période de transition entre la Révolution et le Premier Empire (1802) au cours de laquelle Napoléon affirme son pouvoir à la tête de la France. Grouchy, apprenant la nouvelle, proteste. Napoléon ne lui en tient pas rigueur et Grouchy réintègre l’armée avec ses titres.
Sous le Premier Empire (1802- 1814)
En 1808, Grouchy est nommé gouverneur de Madrid. Il y réprime l’insurrection du 2 mai (rébellion du peuple madrilène contre l’occupation française. Elle marque le début de la guerre d’indépendance espagnole).
Grouchy continue de s’illustrer dans de nombreux combats et en 1809, devient comte, puis, colonel général des chasseurs à cheval de la Garde. Il a désormais sa place parmi les hauts dignitaires de l’Empire.
Au cours de la campagne de Russie (1812), il commande l’escadron sacré qui assure la protection de l’Empereur lors de sa retraite. Le succès de la Moskowa la plus sanglante bataille de la campagne de Russie, lui est en partie dû.
Sous la Restauration et les Cent Jours
Suite à l’abdication de Napoléon le 6 avril 1814 et le retour au pouvoir du Roi Louis XVIII, Grouchy se voit supprimer son grade. Au retour d’exil de Napoléon, il rallie naturellement l’Empereur. Il est récompensé de ses faits d’armes par le bâton de maréchal le 15 avril 1815, le dernier distribué par Napoléon. L’Empereur lui reprochera son absence du champ de bataille de Waterloo. Il s’illustre cependant lors des combats de Wavre (les 18 et 19 juin) et, les jours qui suivent (19, 20 et 21 juin), il commande une brillante retraite jusqu’à Givet. Louis XVIII le proscrit le 24 juillet 1815, ne lui pardonnant pas l’arrestation du duc d’Angoulême durant les Cent Jours. Il trouve refuge aux États-Unis, à Philadelphie, où il demeure cinq années. A deux reprises, le conseil de guerre chargé de juger le maréchal s’est déclaré incompétent. Par ordonnance royale du 24 novembre 1819, Louis XVIII offre à Grouchy le retour à la patrie, en le rétablissant dans ses titres, grades et honneurs en le privant toutefois de sa dignité de maréchal. Rentré en France en 1821, le comte Grouchy, redevenu lieutenant-général (général de division), fut mis à la retraite. Louis-Philippe lui rend ses anciens titres et le nomme Pair de France. Une ordonnance royale du 19 novembre 1831 lui rend son titre de maréchal de France. Une autre ordonnance du 11 octobre 1832 lui restitue son siège à la Chambre des Pairs.
Il meurt le 29 mai 1847 à Saint-Étienne. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (57e division), à l’écart cependant des autres maréchaux de l’Empire. Son nom est inscrit sur l’Arc de triomphe de la Place de l’Etoile, côté Nord.